Interview avec Herbert Zahner

2. septembre 2021

Foto: alphafoto.com

Il détient déjà le record de la plus rapide traversée d’est en ouest de la Suisse. Herbert Zahner vient maintenant de rajouter le Tortour à son palmarès, la course d’ultracyclisme non-stop plurijournalière la plus importante au monde.

Comment as-tu trouvé le Tortour?

Le Tortour a été une expérience phénoménale pour moi et mes accompagnateurs. J’ai pu vivre ma course comme je l’avais prévu et n’ai jamais été au coude à coude avec d’autres, car j’ai distancé mes concurrents dès les premiers kilomètres. Bien entendu, moi aussi je suis allé jusqu’au bout de mes limites mentales et physiques, ce qui n’est pas étonnant compte tenu des 1000 kilomètres de parcours. J’ai dû surmonter plusieurs passages à vide sur le plan mental et ma nuque s’est fait beaucoup sentir sur la fin. J’ai eu également des moments pendant ce long trajet où je me suis demandé pourquoi je faisais ça. Je m’y étais cependant préparé et j’ai réussi à trouver des stratégies de parade à chaque fois.

 

Comment se prépare-t-on à ce défi?

Une telle performance n’est possible qu’avec une bonne préparation. Et c’est cette préparation qui procure l’assurance que l’on va pouvoir y arriver. Pour qu’une telle entreprise soit un succès, il faut intégrer les aspects suivants:

  • programme d’entraînement étendu avec beaucoup de kilomètres;
  • plusieurs années d'entraînement de haut niveau sur de longues distances;
  • excellente synergie entre préparation physique, connaissance du parcours, alimentation et matériel;
  • une équipe accompagnatrice compétente et bien rodée.

En une semaine, il faut parcourir en tout près de 500 km. Je m’entraîne beaucoup le matin tôt à jeun (de 1 à 1 h 30) sur mon vélo d’intérieur avec l’objectif d’optimiser le métabolisme des graisses et, parfois, je vais au travail en vélo (63 km avec un dénivelé de 800 mètres). Ensuite, je fais régulièrement des entraînements fractionnés, courses avec effort intense sur Zwift et courses longues distances, sachant que je pratique celles-ci également avec une relative intensité. Pour finir, je fais aussi de la musculation pour les muscles du dos, car il faut absolument que le torse soit assez solide pour supporter les nombreuses heures passées sur le guidon triathlon.  

Dans l’ensemble, je peux dire que tout mon entraînement et le projet Tortour sont en accord avec mon environnement. C’est le seul moyen d’y arriver.

 

1000 kilomètres avec plus de 13?000 kilomètres de dénivelé ou 34 heures non-stop sont tout simplement inimaginables pour beaucoup. Quels sont les trois conseils d’entraînement les plus importants que tu pourrais donner aux cyclosportifs pour qu’ils augmentent à la fois leur plaisir de courir et leur performance?

  1. Que ce soit seul ou avec des collègues, dedans ou dehors, sur des petits trajets, des trajets intensifs ou longs, un entraînement varié permet de garder la motivation et d’augmenter la performance.
  2. Fais un test de performance et organise l’entraînement en fonction. Cela permettra de développer ton niveau de performance et d’étendre le programme d’entraînement progressivement d’année en année.
  3. Expérimente les nouveaux modes d’alimentation pendant l’entraînement et les compétitions. Ils accompagnent l’effort et préviennent toute baisse de performance.

As-tu un secret que tu pourrais nous dévoiler? 

Il est important de ne pas trop s’acharner, il faut au contraire écouter son corps et s’octroyer du repos. En particulier, lorsqu’on a un objectif concret. Quand on garde le plaisir de faire du vélo, les performances augmentent forcément.