Interview avec Tobias Baggenstos
Foto: alphafoto.com
Tobias Baggenstos a remporté le titre de champion suisse de trail running lors de la SWISS CANYON TRAIL le 5 juin. Ce qu’il faut savoir, c’est que ce coureur de Gersau a été mal orienté après un peu plus de 30 kilomètres et n'a pas effectué la totalité du parcours sans que cela soit de sa faute. Comme tous les coureurs occupant les cinq premières places du classement étaient d'accord, le podium des championnats suisses a été déterminé selon l'ordre qu’ils occupaient au moment de la «fausse route».
Comment as-tu vécu cette journée dans le Val de Travers? Peux-tu partager avec nous ta course et tes émotions vues de l’intérieur?
Comme je n'ai pas encore beaucoup d'expérience sur des distances aussi longues, je voulais être aussi détendu que possible au départ. Préalablement à la course, tout le monde m'a conseillé de ne pas démarrer trop vite. Un plan que j’ai cependant dû abandonner rapidement, car certains athlètes français avaient mis le turbo sur les premiers kilomètres relativement plats. Mais comme le terrain me convenait, j’ai décidé de les suivre, et j’étais d’autant plus étonné quand dans la plus longue montée de la journée, j'ai pu m'échapper aux côtés de Pascal Egli.
Après un peu plus de 31 kilomètres, nous avons été mal orientés. Nous avons remarqué que le balisage avait soudainement disparu, mais après un certain temps, nous avons fini par rejoindre l’itinéraire. Par la suite, j'avais presque oublié cet incident, jusqu'à ce que nous franchissions la ligne d'arrivée beaucoup trop tôt. Nous savions que quelque chose clochait et nous étions un peu perplexes. Je suis très satisfait de ma performance, mais la «fausse route» est bien sûr très dommage pour l'ensemble de la course. Je profite de cette occasion pour remercier également tous les autres athlètes pour leur fair-play.
Tu as couru pendant environ 4 heures. Peux-tu nous donner un aperçu de ta routine d’entraînement?
En fait, j'aime tous les aspects de la course à pied et je m'entraîne donc de manière assez variée. Actuellement, je m'entraîne cependant principalement en courant. Je parcours généralement de 100 à 130 km par semaine, souvent avec beaucoup de dénivelé.
À l'exception de séances axées sur la qualité que j’effectue sur route, je ne fais pratiquement jamais de plat. Mes circuits d’entraînement fondamental comprennent généralement tous de la montée et de la descente à un moment donné. Je ne peux que recommander à tout le monde d'intégrer autant que possible des terrains différents à l'entraînement et aussi de jouer avec différentes formes de fractionné. Ce mélange a bien fonctionné pour moi jusqu'à présent, et il aide également à lutter contre l'ennui lorsque les volumes hebdomadaires sont élevés.
L'automne dernier, tu as été testé positif au Covid-19 et tu as été contraint de faire une pause de cinq semaines et demi. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet?
Je ne sais pas vraiment où je l’ai attrapé. Peut-être au travail. Ça a commencé par des symptômes normaux de rhume, puis ça s'est étendu aux poumons. J'avais une constante sensation de pression ou de picotement dans la poitrine. Je ne me sentais pas vraiment gravement malade, mais j'étais très apathique et manquais d’énergie. La période de quarantaine n'a pas toujours été facile, car mon corps est très habitué à l’exercice physique. Je regardais la Vuelta et le Giro à la télé, et c’était bizarre de voir des athlètes en pleine forme donner le meilleur d'eux-mêmes, alors que moi-même j’arrivais à peine monter un escalier sans que les poumons ne brûlent.
Dès le début, il était évident pour moi que le rétablissement prendrait du temps et que je voulais accorder ce temps à mon organisme. C'est pourquoi j'ai préféré me passer d'entraînement plutôt trop longtemps que pas assez, et cela a été absolument payant. Mes premières courses étaient très courtes et les poumons brûlaient encore. Mais cela s'est amélioré petit à petit, et à partir de Noël, je me sentais à nouveau bien. Ce qui a suivi a été l'un des meilleurs blocs d'entraînement que je n'ai jamais réalisé.
As-tu un secret que tu pourrais nous dévoiler?
Je n’ai hélas pas non plus de botte secrète à vous dévoiler. Ce qui marche le mieux pour moi dans le sport, c’est d’avoir une certaine décontraction et de ne pas trop me crisper. Et ce qui me permet de vraiment bien déconnecter, c’est de sortir avec des amis pour aller boire une bière ou faire autre chose ensemble. Juste pour que tout ne tourne pas toujours autour de la course à pied.
Merci à Tobias Baggenstos d'avoir répondu à nos questions!
Cela pourrait aussi vous intéresser