Runner’s flow – Quand courir donne des ailes

22. août 2019

Runner’s flow? Dans son nouveau livre «Medical Running», Christian Larsen, fondateur de Spiraldynamik, décrit le «flow» comme une alternative plus douce et plus désirable que le fameux «runner’s high», à savoir l’euphorie du coureur.

La plupart des coureurs connaissent le «runner’s high», soit parce qu’ils en ont déjà fait l’expérience, soit parce qu’ils en ont entendu parler. L'évolution a fait en sorte que durant les courses longues et fatigantes, l'usine chimique de notre cerveau dispose de puissants analgésiques capables de nous faire oublier les douleurs occasionnées par la course. En effet, des antalgiques morphiniques produits par l’organisme sont régulièrement libérés dans le sang selon les besoins, comme le ferait une pompe. Cette production d’endorphines peut déclencher une sensation de bien-être absolu, appelée «runner’s high», ou encore euphorie du coureur. Une extase, c’est certain, mais qui demande généralement des efforts énormes, et qui n’est pas forcément saine.

Quand tout baigne

L’alternative est le «runner’s flow», l’état optimal du coureur. Le flow est un état mental de concentration absolue. Le flow peut s’instaurer durant une activité physique ou purement mentale, voire une combinaison des deux. Pendant le flow, le cerveau ne travaille pas comme d’habitude: les ondes cérébrales ralentissent, pour passer des ondes Bêta normales aux ondes Alpha, plus lentes. Les ondes Alpha correspondent à un état de méditation et de rêverie. Parfois, les ondes cérébrales ralentissent encore davantage, jusqu’à atteindre les ondes Théta, qui apparaissent juste avant de s’endormir, ou durant les rêves. Les ondes Thêta permettent d'accéder à des états de conscience étendus, en dehors de la conscience quotidienne ordinaire. 

De plus, certaines zones du cerveau sont mises au repos tandis que d’autres sont activées. Les zones spécialisées dans l'auto-observation, l'auto-évaluation et l'autocritique sont «éteintes». C’est enfin calme, dans la tête! Par contre, d’autres zones sont «allumées», qui ont un rapport avec la créativité. 

 

L’entraînement au flow n’est pas un entraînement de performance

Les processus neurochimiques du flow sont différents de ceux de l’euphorie du coureur, essentiellement provoquée par la libération d’endorphines. Le runner’s flow est quant à lui déclenché par un savant mélange de plusieurs messagers chimiques que produit le cerveau. 

L’entraînement au flow n’est pas un entraînement de performance. Les objectifs et les méthodes sont différentes. Un entraînement de performance se concentre sur la surcompensation et l’accroissement de la performance. En conséquence, il requiert des stimuli et pauses de récupération intenses, variables et bien structurés. En revanche, l’entraînement au flow se concentre sur les méninges. L’objectif n’est pas d’améliorer sa performance, mais d’élargir sa conscience! 

Le flow, c’est vraiment génial. Alors, comment atteindre cet état optimal en courant? Le runner’s flow a 5 caractéristiques principales:

1. Mouvement en spirale et rythme des ondes
Le corps humain est un coup de génie – un instrument biologique de haute technologie. Ce qui, à première vue, semble être une machine articulée à charnières sur deux jambes est en réalité un chef d'œuvre de la biologie de l'évolution: lors de l’interaction de la respiration et du mouvement, la coordination du mouvement croise le rythme des ondes respiratoires. L’entraînement au flow vous fait faire un voyage passionnant à la découverte de votre corps, de ses mouvements originels et de la légèreté de ses pas.

2. Upbeat et travail des fascias
En musique, on distingue les temps et les contretemps. En anglais, la dénomination de «beat» pour les temps rend les choses encore plus claires: il y a les «upbeat» et les «downbeat». La grande question est de savoir si vous êtes un coureur «upbeat» ou «downbeat». Le coureur downbeat accentue l’attaque, son mouvement orienté vers le bas est attiré par la gravité. Le coureur upbeat met l’accent sur l’appui, la légèreté et la phase de propulsion.

3. Respiration
En Inde antique, les yogis de l’Himalaya connaissaient déjà les bienfaits d’une respiration économique. Plongés dans une profonde méditation, ils ralentissaient leur rythme à 1-2 respirations par minute - ce qui diminue la teneur en oxygène dans le sang et augmente le taux d'acide carbonique. Cette augmentation de CO2 dans le sang était utilisée systématiquement et consciemment pour entrer dans des états de conscience élargis. En course à pied, c’est pareil. Le but est de consommer le moins d’oxygène possible.

4. Synchronisation de la respiration et du mouvement
Le runner’s flow s’instaure grâce à la synchronisation. Le mouvement, la respiration et le pouls doivent être rythmés. Ils doivent fonctionner ensemble et dans l’harmonie, et non pas l’un contre l’autre, dans la disharmonie. Pour mieux comprendre: vous courez à une allure soutenue de 160 pas par minute, votre cœur bat au même rythme, votre respiration est quatre fois plus lente et vos ondes cérébrales quatre fois plus rapides – et voilà que tout est parfaitement synchronisé.

5. Focaliser ses pensées et ses sentiments
Les sentiments sont - outre la synchronisation des rythmes du corps - peut-être les ingrédients les plus importants pour atteindre le flow. Le flow requiert des sentiments positifs. À l’inverse, les sentiments négatifs réduisent à néant tous vous efforts d’atteindre le flow. Le mieux est donc de veiller à être de bonne humeur lorsque vous allez vous entraîner. Lors d’une course de récupération en mode flow, vous détendez votre conscience, vous revenez au calme intérieur, et n’hésitez pas à faire le silence. Vos ondes cérébrales seront ravies!

*Cet article de Christian Larsen est une version abrégée du chapitre Flow de son nouveau livre «Medical Running».

 

Un article détaillé sur le runner’s flow comprenant des exercices concrets et des exemples de méditation pour les cinq caractéristiques principales est à découvrir dans l'actuel FIT for LIFE, disponible dès à présent en kiosque. La version PDF de l’article FIT for LIFE est disponible ici (exclusivement en allemand).

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