Interview avec Stephan Wenk

25. août 2023

Fotos: Scott/ZVG

Stephan Wenk a commencé sa carrière en tant que duathlète, et s’est ensuite de plus en plus intéressé à la course de montagne et de trail.  Ses principaux succès: Première place au Davos X-Trail 2022; deuxième place au Jungfrau Marathon 2021; septième place au Golden Trail Serie 2018; onzième place aux championnats du monde de course de montagne 2023.

Depuis 25 ans tu es connu en tant que duathlète, mais surtout pour ta pratique de la course de montagne et de trail. N’es-tu pas un peu usé après tant d’années de pratique sportive?

Eh bien en fait, non. La course à pied a toujours fait partie de ma vie, et j’espère bien que ce sera le cas encore longtemps. Mais aujourd’hui, à 40 ans, je commence doucement à me demander à quoi va ressembler mon avenir en tant que coureur. Bien que je sois très libre, le calendrier des événements de l’équipe nationale est en partie fixe. A long terme, j’aimerais participer aux courses par esprit d’aventure davantage que pour le résultat, tant que c’est compatible avec ma vie familiale et professionnelle.

Par exemple?

La course Wildstrubel by UTMB, de 113 kilomètres, me fait de l'œil. Je suis plus performant sur les distances plus courtes, mais j’aimerais participer à un long trail ultra.

Comment s’entraine-t-on pour de telles distances?

Les sessions d’entrainement peuvent durer six à sept heures. Normalement je ne cours pas plus de trois à quatre heures.

Utilises-tu des bâtons à l’entrainement?

Jusqu’à présent non, car on court plus vite sans bâtons sur les distances normales, et les meilleurs coureurs s’en passent. Mais pour un ultra trail, j’essaierais. La coordination avec des bâtons n’est pas si facile, et les muscles de mes bras et de mes épaules ne sont pas habitués à cet effort. Les bâtons peuvent soulager les muscles des cuisses dans les montées raides.

 

 

 

T’arrive-t-il de marcher dans les montées?

Oui, lorsque la montée est longue, je peux même commencer assez tôt à marcher. Ou alors j’alterne marche et course afin de moins fatiguer mes muscles. Mais d’autres comme Rémi Bonnet courent tout le temps, même dans les montées.

Comment procèdes-tu pour préparer une course? En fonction de ta fréquence cardiaque, ton chrono, la configuration de la course, tes sensations?

En premier lieu en fonction de mes sensations. Selon la situation de course je m’adapte au rythme des autres, en faisant toutefois attention à ne pas me surestimer.

Et la fréquence cardiaque?

Non, je ne la mesure pas. Je ne sais pas non plus à quel niveau elle est en compétition. J’essaie tout simplement de ne pas me trouver trop tôt en zone rouge.

Dans les sports cyclistes le choix des pneus peut être décisif. Et en trail running, qu’en est-il du choix des chaussures?

J’ai une préférence pour les chaussures aux semelles fines qui laissent le pied proche du terrain. C’est pourquoi je cours presque toujours avec les mêmes chaussures, les Scott Supertrac RC, qui me conviennent bien en général. En entrainement je porte de temps en temps un modèle à lame de carbone. On est plus loin du sol, mais la semelle amortit mieux les pierres pointues.

L’an dernier tu as remporté le K68 des X-Trails de Davos, cette année tu étais deuxième. Le parcours sur 68 km a 2644 m de dénivelé positif et négatif. Cela doit occasionner des douleurs musculaires, n’est-ce pas?

Non, je n’en ai plus maintenant. Bien sûr il faut se préparer à l’entrainement à courir sur de forts dénivelés, c’est d’ailleurs ce que je fais. Je suis habitué à cette pénibilité hors du commun.

Cours-tu rapidement dans les descentes?

J’essaie (il rit). Cela dit, sur certaines courses, les coureurs les plus rapides en descente peuvent me mettre 5 minutes dans la vue sur une descente de 25 minutes! On peut donc apparemment faire plus rapide.

Pourquoi?

C’est difficile à dire. J’ai de longs leviers, un centre de gravité haut et peu de masse musculaire. C’est avantageux sur un terrain modéré, mais moins pratique pour les changements de direction rapides et la course de descente.

 

 

 

Qu’emmènes-tu pour une compétition?

J’emmène essentiellement le matériel réglementaire, et au cas par cas éventuellement une veste légère. Pour le ravitaillement, mieux vaut ne pas regarder à la dépense et s’assurer qu’on a assez pour toute la course. Je prends un gel toutes les 30 minutes, j’ai aussi deux flasques de boisson pour que l’apport en énergie soit constamment au plus haut niveau. J’amène la poudre avec moi pour y ajouter l’eau aux postes de ravitaillement. Si le volume à emporter le permet, j’essaie de me passer de sac à dos pour plus de confort et de liberté de mouvement.

Quel conseil peux-tu donner aux amateurs qui voudraient s’entrainer pour un trail?

En trail running l’effort est fourni par tout le corps, aussi il faut rester polyvalent dans sa façon de s’entrainer. Je fais de tout, du fractionné, je joue avec le chrono, par exemple courir 5 ou 6 fois 1 km en alternant course lente et rapide. Mais je fais aussi des exercices de musculation, d’équilibre ou encore d’axe des jambes. Je travaille la musculation directement en montagne, en parcourant 1 450 mètres de dénivelé sur 5 kilomètres de course ascensionnelle, sur ma montagne locale, le Federispitz. Lorsqu’on prépare une compétition de longue distance il faut bien sûr courir de longues distances à l’entrainement. La variété est très importante, mais tout se déroule de façon très intuitive et sans programme strict.