Troubles du sommeil et sport: y a-t-il un lien de cause à effet?

22. juillet 2020

Environ un quart de la population suisse souffre de troubles du sommeil. Quelles répercussions cela a-t-il sur le sport et inversement?

Le sport et le sommeil sont étroitement liés. Pour un entraînement efficace, le corps a besoin de récupérer par le sommeil. Et inversement, il faut avoir dormi suffisamment afin d’avoir l'énergie nécessaire pour le prochain entraînement.

Mais au réveil, tout le monde ne se sent pas en forme et reposé. Katharina Stingelin, biologiste spécialisée en biologie humaine et médecin du sommeil à la clinique KSM pour la médecine du sommeil de Bad Zurzach, suppose qu'environ 20% de la population souffre de troubles du sommeil. «Cela se rapporte exclusivement à l'insomnie», explique-t-elle. Ce terme regroupe les problèmes d'endormissement, de réveils nocturnes ainsi que le réveil précoce. Il existe au total environ 80 types de troubles du sommeil, répartis en huit sous-catégories.

En se penchant sur les fonctions attribuées au sommeil, il devient évident que les troubles du sommeil ont un impact majeur sur notre santé physique et psychique. Même si les recherches en la matière ne permettent pas encore de tirer toutes les conclusions, il est certain que notre organisme est tout sauf inactif la nuit: le sommeil est un remède miracle pour récupérer, il renforce le système immunitaire, libère des hormones et modèle notre mémoire.

Le sport influence le sommeil...

Les personnes inactives souffrent généralement plus souvent de troubles du sommeil que les personnes actives. Mais selon Katharina Stingelin, l’activité n’est forcément synonyme de sport. Elle-même recommande à ses patients de faire régulièrement de l'exercice pour venir à bout de leurs troubles du sommeil. Il importe peu que la personne en question fasse en entraînement de course à pied ou une promenade pour prendre l’air. D’après Katharina Stingelin, il est important de «Ne pas faire de sport juste avant d’aller se coucher». Faire du sport en soirée, c'est bien, mais après un effort intense, le corps a besoin de quelques heures pour faire baisser le taux l'adrénaline et revenir au calme.»

C'est pourquoi, le soir, il est recommandé de pratiquer une séance d'endurance détendue, sans fréquence cardiaque trop élevé. Si vous vous entraînez tard une fois par semaine, par exemple dans un club, et que vous ne parvenez pas à vous endormir après, vous ne souffrez pas encore d'insomnie. «C’est tout à fait normal et la raison est évidente», explique la médecin du sommeil.

La plupart d’entre nous connait un pic de performance le matin aux environs de dix heures. Le matin, le corps dispose de plus de testostérone et a donc plus d’énergie pour le développement musculaire. Il vaut donc la peine de s’entraîner avant midi, même si, selon la situation de chacun, il faut également tenir compte de facteurs personnels (horaires de travail, d'école, etc.). L'idéal serait de faire une sieste après l'entraînement du matin, ce que la plupart des gens qui travaillent ne peuvent que rarement se permettre.

Les centres de fitness ouverts 24 heures/24 sont une bonne chose pour les personnes qui n’ont d’autres possibilités, par exemple en raison du travail en équipe, mais faire de la musculation au milieu de la nuit va à l’encontre de la nature humaine», déclare Katharina Stingelin. 
Chez les sportifs de haut niveau, les troubles du sommeil peuvent être un signe de surentraînement. Mais le facteur mental peut également jouer un rôle lorsqu’un athlète ne ferme pas l’œil de la nuit: une enquête menée par l'Office fédéral du sport a révélé que lors des Jeux olympiques de 2014 à Sotchi, un athlète suisse sur trois souffrait de problèmes d'endormissement ou de réveils nocturnes.

… et inversement 

Dormir suffisamment est un facteur majeur pour pouvoir fournir des performances sportives de haut niveau, et à l'inverse, le manque de sommeil chronique est délétère pour la performance. Plus de la moitié des personnes souffrant de troubles du sommeil ont un faible niveau d'énergie et de vitalité. Le manque de sommeil accroit également nettement le risque de blessure pendant le sport.

Selon Katharina Stingelin, l’une ou l’autre nuit blanche ou agitée a peu d'effet sur la performance sportive (p. ex. en raison de la nervosité avant une compétition). Cependant, les personnes souffrant d'insomnie à long terme ont des difficultés à s'entraîner. «La plupart du temps, les personnes concernées sont tellement apathiques qu'elles ne peuvent même pas envisager de faire du sport.»

Katharina Stingelin ajoute qu’il est difficile de dire si oui ou non le corps est en mesure de fournir un effort d’entraînement sans sommeil, et si oui, dans quelle mesure. Mais il est rare qu’une personne ne dorme pas du tout. «On a souvent l’impression de ne pas avoir fermé l’œil de la nuit, mais la plupart du temps, on se trompe.» Cependant, il faut faire preuve de bienveillance envers son corps: si vous faites beaucoup de sport et que vous souffrez en même temps de troubles du sommeil, vous devriez impérativement essayer de trouver une solution. Et n’envisager un entraînement intensif qu’une fois que tout est rentré dans l’ordre. 

Foto:iStock.com