Interview avec Marcel Guerrini

20. octobre 2023

Dans le sillage de Nino Schurter et Mathias Flückiger, le Suisse Marcel Guerrini a rejoint l’élite mondiale dans son sport. À 29 ans, il a décroché deux fois la troisième place et une fois la quatrième place lors des trois dernières épreuves de coupe du monde.

Tu as déjà démontré un grand potentiel l’année dernière avec ta cinquième place aux championnats du monde. Et cette année, tu es même parvenu sur le podium! Peux-tu partager avec nous ton bilan de la saison, avec ton expérience et tes émotions vues de l’intérieur?

Ma 5e place de l’année dernière m’a bien sûr donné beaucoup de motivation. Je savais que je pouvais y arriver. La saison 2023 n’a pas commencé de manière optimale. Je suis tombé malade dès le début de la saison, ce qui m’a coûté quelques courses. Mais j’ai tout de même réussi à terminer la première moitié de la saison avec une 9e place aux championnats d'Europe et un classement dans le top dix à la coupe du monde de short track. Après la pause estivale, j’ai décroché une belle 16e place aux championnats du monde et une 13e place à la coupe du monde en Andorre. Ensuite, hormis ces deux courses, je suis monté sur le podium de toutes les coupes du monde et de toutes les courses suisses.

Ce sont surtout les places sur le podium des trois coupes du monde suivantes qui ont représenté beaucoup pour moi et qui m’ont montré que j’étais capable de rejoindre et de rester parmi l’élite mondiale.

Le chemin que tu as parcouru jusqu’au sommet n’était pas de tout repos et ta carrière a été suspendue à un fil lorsque tu n’avais par exemple plus d’équipe ou des problèmes de genoux. Quelles sont, d’après toi, les trois clés principales de la réussite?

La persévérance, la confiance en soi et le bon environnement.  

Plus on réussit, plus la pression et les attentes se font ressentir. Comment gères-tu cela? Quels conseils peux-tu éventuellement donner aux sportifs amateurs qui doivent eux aussi gérer leur nervosité avant une course?

Il faut considérer la pression d’un œil positif. Pourquoi a-t-on la pression? En général, c’est parce qu’on a atteint un objectif et que les gens attendent que cela se reproduise. J’essaie de convertir la pression en énergie positive et je me sens privilégié d’être là où je suis (p. ex. le favori d’une course).

La nervosité est normale et fait partie du processus. Dans ces situations, je me dis toujours: «Pas la peine de stresser. Je suis parfaitement préparé et je n’ai aucune raison d’avoir peur de cette course». Le fait de se parler à voix haute devant un miroir peut aussi aider à se calmer.

La saison est presque terminée. Comment prévois-tu de t’entraîner cet hiver, et quels conseils peux-tu donner aux vététistes amateurs?

C’est vrai, je roule encore, mais je n’ai pas de plan précis. En tous cas, il est essentiel de s’accorder 10 à 15 jours de repos complet pour permettre au corps de récupérer. On récupère en général plus vite physiquement que mentalement, donc je pense qu’il est important de trouver des occupations qui ne soient pas forcément en lien avec le sport pendant cette pause. Cela permet de s’aérer l’esprit et d’être motivé(e) au moment de reprendre le vélo.

Je fais beaucoup de séances longues en «EB1» et une séance intensive une fois par semaine. Je pense qu’il est très important de garder une allure régulière lors des séances en EB1. Je vois beaucoup de sportifs amateurs qui prennent le risque de courir trop vite en EB1. Sinon, un bon entraînement du tronc ne fait jamais de mal.

Je prévois aussi d’aller 2 ou 3 fois en camp d'entraînement dans le sud cet hiver. D’un point de vue nutritionnel, je vais veiller à ne pas avoir un trop grand déficit calorique cet hiver. Il est bon d’augmenter un peu ses réserves pour la saison froide.

As-tu un secret à nous dévoiler en matière d’entraînement, de matériel, d’alimentation ou de récupération?

La constance est clé. Comme dit le proverbe: petit à petit, l’oiseau fait son nid. Il est très simple et pourtant très difficile à appliquer. Il faut s’entraîner de manière constante, jour après jour, chaque semaine, chaque mois. Évidemment, il faut s’accorder des jours de repos, mais évitez de vous donner à fond sur 30 heures pendant deux semaines, puis de ne plus rien faire du tout la semaine suivante.

Posez-vous les bonnes questions: dormez-vous 8 heures par nuit? Avez-vous une alimentation équilibrée? Prenez le temps de faire correctement les choses simples avant d’investir dans des accessoires coûteux, du matériel plus léger, etc. Ce ne sont pas ces achats qui feront la plus grande différence.

Et surtout: n’oubliez pas de vous amuser!

Photo: @andrinjanser & jcadosch